Memories left in ashes. ~ Suite ||Émiko.||

Plein d'entrain. Oui c'est le mot, tu es plein d'entrain. À l'idée de l'emmener au camp avec toi, à l'idée d'avoir une nouvelle amie. Quelle chose plus réjouissante pourrait t'arriver ? Pour toi il n'y a rien de mieux que ce qui puisse t'arriver. C'est un présage de bonheur, tu imagines déjà tout ce vous allez faire ensemble, les aventures que vous allez vivre... Déjà la bonheur semble t'ouvrir ses portes, toi qui n'as jamais vraiment eu d'ami auparavant. Ce sentiment... C'est celui qui Brûle ton cœur quand tu es avec l'indienne. Ce sentiment d'être chez toi, d'être heureux; d'être simplement à ta place.

Tu regardes la jument; elle te sourit timidement. Tu te doutes bien que c'est parce qu'elle est intimidée à l'idée d'entrer au camp. Tu te doutes bien qu'en quelques temps elle s'y sentira parfaitement à sa place. Pourtant, tu as tord et tu n'es pas près de t'en rendre compte. Tu ne te rend pas compte que son sourire et forcé et non pas timide. Qu'il est triste et non pas heureux, que quelque chose ne va pas. Qu'elle ne va pas bien, qu'elle n'a pas vraiment envie d'y aller.
Tu ne te rends pas compte que si elle s'appuie sur toi, ce n'est pas seulement parce que sa boiterie la fait souffrir; c'est surtout de te suivre qui la blesse... Et plus profondément que jamais, probablement. Mais, encore une fois, tu ne te doutes de rien. Tu l'aide à avancer, tu la presses gentiment, tu es tout joyeux. Tu trépignes sur place, comme tu as hâte de vivre au camp à ses côtés ! Comme cela va être bien ! Comme vous allez vivre une vie délicieuse, entourés d'amis ! Tu t'imagines déjà une vie complètement changée grâce à elle. Pourtant, même si elle te suivait, serait-ce le cas ? Parfois, tu es bien naïf.

Le camp apparaît à l'horizon; vous continuez de marcher, de plus en plus doucement. Plus le temps passe, plus la jument hésite. Mais pour toi, c'est logique: sa boiterie est de plus en plus douloureuse. Tant mieux. Maité étant la chaman du camp, elle a tout ce qu'il faut pour soigner sa blessure dans son Tipi.
Tu sautes de joie, ce sentiment d'exaltation, tu l'adore plus que tout au monde. Tu te sens libre, léger comme un oiseau, rapide comme l'air ! Tu voudrais hurler de joie, galoper, danser comme les humains même !
L'indienne s'avance vers le camp et en franchir l'entrée. Elle ne se préoccupe plus vraiment de vous et rentre dans un Tipi. Tu te tournes, souriant aux anges, vers Émiko.

- "Je... Je ne sais pas trop..."

C'est la jument qui a parlé. Tu t'attendais à tout sauf à ça, il faut l'admettre. Tu la regardes, incrédule. Elle hésite ? Eh oui, tu as tout compris... Tu t'aperçois qu'elle est tendue, comme prête à prendre la fuite. Non, c'est impossible. Elle vient de te le dire, elle veut y aller ! Elle le veut ! Tu es désemparé, terriblement désemparé.

" Quoi ? Mais... Tu viens de me dire..... Tu voulais venir ! Ils t'ont abandonnée, viens avec moi, je suis prêt à t'aider, moi ! "

Tu hurlais presque mais maintenant tu ne parle plus que d'un souffle. Rendu muet par cette nouvelle.

- "Je t'en supplie.... Pour moi..... Pour toi. Tu n'as plus de place dans ton troupeau, viens. Viens !"