Some will win, some will lose. It goes on and on and on and on.

M

es oreilles, ce matin-là, ce furent plus mobiles que d'habitude. A droite, des pleurs d'enfants, à gauche, des disscutions, ça et là, des clapotis de sabots sur le sol sablonneux. En me réveillant, réprimandant un large bâillement, je ne fut que surpris du spectacle qui s'offrait à moi. Tout le camp était déjà en éveil et tous les indiens vaquaient à leur occupations. M'imposant un regard circulaire sur tout le paddock encerclé de bois, constatant que la barrière était grande ouverte, je remarqua que j'était seul, allongé dans l'herbe, encore à moitié somnolent. Je me suis senti sur le coup assez bête. Moi qui était d'habitude le premier levé, à faire des escapades dans les plaines, déambuler dans le camps, j'était là, pitoyable. Ni une, ni deux, d'une raide impulsion, je banda mes muscles et me leva le plus vite possible, d'une traite. Je me dirigea machinalement vers l'abreuvoir et y plongea mon museau avec joie. L'eau fraîche me fît un bien fou. Une fois désaltéré, je sorti de cette étendue verte clôturée, érrant dans le camp, comme à mon habitude.

Au centre du camp stagnait mon Indien et chef de son peuple, Neka, réglant divers et variés problèmes tandis qu'à l'autre bout trônait la chamane et indienne de mon ami Diego. Je croisa quelques chevaux que je salua d'un mouvement de tête avant de reprendre mont trajet quotidien. Alors que je demeurais arrêté à regarder quelques bambins jouer ensembles, je sentit quelque chose me percuter. Surpris, je me retourna et reconnu un grand shire noir assez imposant par rapport à moi je dois dire. Il me lança ces quelques mots :

"Oh, veuillez m'excuser ! Mon nom est Angus, cheval de la jeune Mérida."

Angus, Angus.. Oui sa y est! J'avais déjà aperçus cet étalon quelques fois dans le camp sans jamais avoir eu l'occasion de parler avec lui, ce n'était pas pour autant l'envie qui me manquait. Il avait des allures parfaites avait un physique de cheval de guerre. J'avais entendu dire que cet étalon était aveugle, mais je n'en croyais pas un mot. Maintenant que je l'avait devant moi, observant ses yeux voilés d'une espèce de couche blanche/transparence, je compris. Souvent, trop de chevaux faisaient don de tout ce que ceux partant un handicap ne veulent pas : de la pitié. Ce pourquoi, je ne lui fit pas don de la mienne. Je lui répondit calmement :

"Ce n'est pas grave ne t'en fais pas, et, tu peux me tutoyer au fait! Je suis Démon, cheval de Neka. La prochaine fois, ouvre un peut tes oreilles!"

Oh mon dieu...Qu'avais-je dont fait au ciel pour sortir une vanne comme celle-ci...Surtout qu'aveugle, il ne pouvait bien entendu pas voir le clin d'oeil censé lui annoncer que c'était une vanne...A ce moment précis, j'aurais voulu être munis de griffes pour creuser le plus profond possible et m'y cacher. Si jamais il était susceptible, son estime envers moi serait foutue..

Crédit: Cali' in Libre Graph

L

e cheval à la robe ébène tendis l'encolure semblant profiter de la brise qui faisait son entrée. Pour ma part, je remuais la tête essayant de remettre en place mon toupet qui prenait trop de place et tombait sur mes yeux, je n'y voyais plus rien, quelle ironie. Angus remuait ses oreilles comme les miennes l'avaient fait ce matin. Il marmonnait quelque chose dans sa barbe et semblait avoir totalement oublié mon existence. Il ne manquait pas d'air celui-la! Je pris un air de vas-y-fait-comme-si-j'existait-pas mais c'était en vain puisqu'il ne pouvait pas me voir. Que c'était agaçant! Si j'aurais put, j'aurais été lui chercher une paire d'yeux! J'entrevis ses lèvres dessiner un léger sourire, de plus en plus grand, se terminant par un éclat de rire total. Ok. Il était partit tout seul dans un délire que je ne comprenais pas. Il n'aurait pas fumé le calumet de la paix avant de venir par hasard? Il me donna un coup de museau amical avant de me lancer un sourire en coin :

"Oh, je pense avoir bien ouvert mes oreilles ! Quand à toi, peut-être qu'en ayant les yeux en face des trous, tu éviterais de rentrer dans tout ce qui bouge. M'enfin, tu me diras, peut-être qu'à nous deux, on formerais un cheval complet capable de voir où il marche..."

Quoi? Mais il rigolait ou quoi? Je ne bougeais pas, j'étais là, totalement statique et c'est LUI qui m'avait rentré de dans! Nan mais oh, n’inversons pas les rôles! J'allais lui répondre de ce ton lorsqu'il se mit dans un état de concentration extrême. Curieux, je l'épiais, m’interrogeant sur la raison qui le poussait à se donner cet air de spectacle. Il leva l’antérieure et après quelques secondes la reposa 3 centimètres plus loin. Il fit de même avec ses 3 autres membres. Ma tête pris ensuite un air totalement dépité et désespéré, c'est alors qu'il me demanda intimement :

"C'est bon ? J'ai écrasé personne ? Même pas une fourmi ?"

Je laissa s'échapper un souffle d'exaspérance. Une idée pour le moins sournoise me vint subitement en tête. Je m'approcha un peut de lui et pris un ton aussi grave qu'ironique :

"Malheureux! Tu viens d'écraser un verre de terre! Vite! Il faut appeler la chamane! Ou ce pauvre petit vas mourir! "

Je l'observa un petit instant puis, ne lui laissant pas le temps de se demander si c'était vrai ou non je repris :

"Nan mais sérieusement, tu es aussi lent à chacun de tes pas ? Parce que juste pour information, même ma grand-mère atteinte d'engourdissements permanents des membres allait plus vite que toi, franchement!"

L'étalon avait voulu jouer et on jouait. Du moins c'est comme cela que je le voyais. J'aimais ça, jouer, et sa répartie m'avait annoncée qu'il n'était pas récitant. Je m'amusais énormément, tout ce que je lui disait avait pour but de l'enquiquiner, mais amicalement. De le vanner, principal but de ce qu'on appelle : les vannes, étrange n'est-ce pas?

Crédit: Cali' in Libre Graph

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ngus fixait le vide, il ne semblait, bien qu'aveugle rien regarder; trop occupé à être plongé dans ses pensées. Le grand étalon à la robe de cendre réfléchissait intensément. A quoi? Je ne le sut qu'après. Il sembla revenir à lui lorsque je vis ses oreilles se tourner dans touts les sens, semblant rechercher quelque chose ou bien..L'absence de quelque chose. A notre gauche, l'accès était libre. Seul un tipis au bref fumet pouvait faire obstacle. Les indiens l'habitants venaient souvent me voir au pré m'apporter des choses, ce pourquoi je leur portais une délicate affection. En ce moment, ils devaient être au centre du village à converser avec les autres. L'étalon noir se cabra de toute sa hauteur. Je dois avouer que j'étais vraiment impressionné. Sa musculature imposante roulait sous sa peau et ses membres puissant semblaient invincibles. Il fit une pirouette agile avant de retomber lourdement sur le sol faisant voler le sable aux alentours et partis au galop droit devant, plus concentré que jamais. Malgré la petite trajectoire, son galop restait rapide et condensé. Attentif au moindre bruit, sentant le tipis en approche, il ralentis pour se mettre au trot et le contourna avant de revenir à mes côté et faire mine de m'attendre d'une mimique des plus agaçantes.

Il souriait de toutes ses dents et, j'en aurais fait de même, si seulement il pouvait me voir.. Enfin, je répondis sur le même ton que sa mimique (même si une mimique ne parle pas c'est une sorte de..métaphore ou un truc comme sa, je crois que c'est comme sa que disent les bipèdes..Bien que Neka ne soit pas tant cultivé que sa.. Il faudrait que je demande à un cheval cow-boy un de ces jours). Tout ça pour dire que je lui lança dans un air de défi :

"Mmh, oui, tu te débrouilles pas trop mal. Tu aurais semé ma grand mère de quelques secondes, c'est déjà bien. Mais bon, que vaux-tu sur...les longues distances?"

Un sourire cassant ma robe isabelle se dessina machinalement sur mon visage. Heureusement qu'il n'avait pas le don de la vue, autrement, j'aurais perdu toute crédibilité. Car bien entendu, ma grand mère n'avait pas d'engourdissement partiel, je ne me rappelle même pas de ma grand-mère alors vous imaginez le truc. Afin de tester ses réflexes acquis au fil du temps, je le contourna dans un plus grand silence avant de taper un peut plus fort sur le sol comme marcherait un cheval à son allure normale. Je ne pris pas le temps de regarder si oui ou non il s'était retourné partant au galop, frappant fort de mes sabot histoire de bien lui faire comprendre que je m'éloignais. Mon galop se faisais lent, aussi, je l'attendis un peut plus loin, le regardant avec attention. En effet, j'avais sauté par dessus une petite crevasse inévitable, je suis ignoble. J'attendais avec impatience de voir s'il allait la sentir...

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ngus s'arrêta à quelques centimètres seulement de la crevasse paraissant troublé. C'était limite si je commençais à douter de son handicap. Je voyais distinctement ses oreilles remuer dans tous les sens ainsi que ses naseaux recherchant la moindre odeur significative. Il me lança enfin :

Tu as eu l'air d'éviter quelque chose... Qu'y a-t-il devant moi ?

Je dois avouer qu'il ne se débrouillais pas mal du tout. L'ouïe et l'odorat sont les seules armes que possèdait l'aveugle, aussi, il savait visibement parfaitement s'en servir. Je le laissa un moment là planté, sans lui répondre. Je cherchais une bonne répartie, mais rien ne me venais. Je me sentais un peut bête mais après tout, il était bien là nan? Il faisait joli dans le décor, lui rendant une touche de comique. Un grand étalon noir, aussi musclé qu'imposant, intimant le respect et admiration de tous; paradoxalement pétrifié par une crevasse de rien du tout, que même une pouliche enjamberait sans aucun mal. Jen riais interieurement, cette situation était assez...Ridicule oui. Mais comme on dit "le ridicule ne tue pas". Heureusement pour moi d'ailleurs car s'il en était autrement, je ne serais plus de ce monde depuis bien longtemps. A commencer par ce pot de peinture que j'ai renversé sur la tête du chef étant encore poulain, en passant par la fois où j'ai malencontreusement arraché des vêtements d'une Indienne, ça m'à d'ailleurs valu une tape sur le nez; sans parler de la fois où je suis tombé dans un trou lors d'une de mes escapades, les yeux fermés pour mieux profiter, profiter, profiter ma croupe oui! Cela m'à juste vallu un petit séjour au fond de ce trou ainsi que tout le village ameuté pour m'aider...M'enfin.

"A ton avis, toi Ô Angus le magnifique"

Mouahaha. Chez nous, on appelles-ça du pur sadisme. J'avoue que je n'ai pas été chercher cette réplique nulle selon moi, très loin. La première me passant par la tête, la première dite, c'était ainsi. Et après je me demande pourquoi de temps à autres les chevaux comme humains me regardent avec des yeux ronds comme des chouettes. Enfin bon, je me reconcentra sur l'immense étalon, attendant sa réplique.

Crédit: Cali' in Libre Graph