I'm a poor lonesome pouliiiche |Caliopé :3|

Non d’un épi de maïs, c’est quoi cet endroit qui craint ? Serais-je tombé dans un coin plus ennuyeux que chez mon indien de grand-père ? Et puis d’ailleurs je ne sais même pas pourquoi je reste ici. Ha si ! Je sais pourquoi…je crois que je me suis lamentablement perdue. Remarquez ce n’est pas étonnant, le paysage est désespérément monotone, je n’ai aucun point de repère. Super. Je vais encore rentrer tard et Papi va en profiter pour me rappeler que dehors c’est dangereux patati patata, qu’il faut rentrer à l’heure et blablabla. Je le connais le refrain à force…ça se voit qu’il n’a jamais connu les méandres prooofond de l’ennuie infantile. La pire des choses au monde. Mais non ça, tout le monde s’en fiche…je pourrais crier ma lente agonie, ça leur agiterait à peine les oreilles. C’est pour ça que je préfère prendre mon indépendance tout de suite…enfin pas trop quand même. Bref, aujourd’hui, je consens à l’admettre, je suis partie beaucoup trop loin. J’aurais dû faire demi-tour quand l’herbe se faisait rare et que la terre me semblait en manque évident d’eau. Mais je ne pouvais pas savoir ce qui m’attendait. Résultat ; J’ai chaud, j’ai soif et je suis perdue comme une pauvre âme.

Je trottine entre d’immenses falaises, creusant comme un interminable labyrinthe. Labyrinthe dans lequel, vous aurez compris, je me suis enfoncé. Il faudrait que je trouve comme me sortir de ce pétrin avant la tombée de la nuit…et vu comme les choses sont engagées, ça me paraît assez mal parti. Je soupire et m’abrite à l’ombre. « HEHO ! ». Who ! Il y a un de ces écho par ici ! C’est fabuleux. « BOO ! » Alors ça, c’est vraiment fort ! « MARTENS EST COOOL ».

« GRRAAAWHOUUUU ». Non vraiment, je pourrais passer le reste de ma journée et la nuit entière à pousser des cris bestiaux dans le canyon. Je ne savais pas qu’un simple écho pouvait être aussi marrant. En tout cas, ce qu’il y a de bien avec lui, c’est qu’il répond systématiquement quand on lui parle. Ce qui n’est pas forcément le cas des chevaux du camp. Je prends une grande inspiration et hennis aussi fort que mes poumons ne me le permettent. Ca c’est du hennissement de compétition ! Il se répercute des dizaines de fois sur les parois avant de s’évanouir définitivement. Je trotte fièrement en rond, agitant le plumeau qui me sert de queue. « J’suis une pouliche de compet’ yhea, j’suis une pouliche de comp- ». Je me fige dans ma posture en entendant ces paroles peu rassurantes "- Que fait-tu sur les Terres des Cow-Boy ? Tu sais que cette act est passable d'une capture ?" Je tourne la tête et me retrouve nez à nez avec une jument portant les mêmes accoutrements bizarres que mon père lorsque je l’avais aperçu pour la première fois. Mais...il est où son bipède ? Je lève un sourcil et regarde si il n’est pas caché derrière elle. Ha bhin non, elle est seule. Rien à craindre donc. Bien, première règle de sécurité ; ne pas parler aux inconnus. La tête haute, je lui tourne le dos et reste droite sur mes jambes.

« Je peux pas vous parler...c’est mon papi qui me l’a dit. »

Je me mords les lèvres. Peut-être que me murer dans le silence n’est pas une si bonne idée. Après tout, j’ai huit mois et je suis perdue en terrain ennemi. Heuu...Entre nous, c’est pas ce que j’appelle une situation idéale. Puis cette jument doit peut-être connaître papa non ? Grand-Père m’a souvent dit de prendre le temps de peser le pour et le contre devant un choix. Moi je ne vois que des « pour »...et puis de toute manière, depuis quand j’écoute papi ? Je grattouille le sol sec du bout de mon sabot mais n’arrive pas à rester muette plus longtemps.

« Je crois que je me suis « légèrement » égarée... » Je laisse tomber mes oreilles de chaque côté de ma tête « puis j’ai soif et j’ai faim » Je fais en faisant pendre ma langue au coin de ma bouche « puis vous êtes qui d’abord ?! »