Un vent frais soufflait sur la plaine. Le froid s'installait. Mais le soleil brillait toujours. Ses minces rayon balayaient ma robe noire et lui donnaient d'étranges reflets. C'était un temps parfait. Mélancolie. Les oiseaux battaient des ailes pour avancer en contrant le vent. La rosée matinale donnait l'impression que le soleil faisait apparaitre des perles de nacre sur les nervures des feuilles. L'herbe se balançait au gré du souffle du vent. Et j'étais là. Au milieu de toute cette nature éblouissante. Mes pas se dirigèrent d'un coup vers la foret. Je partis au galop vers le territoire des indiens. Après quelques minutes de galopades dans les hautes herbes, le couvert des arbres apparut.
Quelques secondes et le vert emplit mon champ de vision. Les écureuils sautaient de branche en branche. Ils récupéraient des noix, des châtaignes pour l'hiver qui arrivaient. La mousse amortissaient mes pas, mais tout résonnait. Les petits buissons effleuraient mes canons. Tout était beau. Clair.Mais dans ma tête, il faisait noir. Tout noir. Cela faisait exactement 3 ans que ma mère était partie. A jamais. Durant ces trois longues années les cruels souvenirs tournaient dans ma tête. Inlassablement. Continuelle torture. Mais là... ça ne faisait pas mal. C'était pire. Je le vivait. Le noir.
Je marchais. Elle était là. Nos pas laissaient derrière nous une trace dans la neige. Nous étions fatigués. Nous avions faim. Le gibier se faisait de plus en plus rare en cette saison. Cela faisait des jours que nous marchions. Vers quoi ? Pour quoi ? On ne le savait pas. Instinct de survie. Nous avions subit de nombreuses attaques de prédateurs. Une récemment. Trop faibles nous avions eut du mal à nous défendre. Des plaies restaient ouvertes. Je boitais, elle marchais difficilement. On ne voyait pas la sortie de cette forêt. Nous étions pris au piège. Sortirions nous un jour ? Moi, mais pas elle. Je l'apprendrais plus tard. Et puis j'entendis un bruit sourd. Un corps qui tombe. Une masse noire sur la neige. Une mare rouge sur le blanc. Des gouttes de rubis derrière nous.
Ma mère. Je me penche. Un soupir. Des mots. -Vit ... pour nous deux - Les derniers. Elle me regarde. Ferme les yeux. Souris. Ma faute... Je cueille une rose. Les blanches, celle d'hiver. Je la dépose. Je m'allonge. Contre elle. Son corps est encore chaud. Je ferme les yeux. C'était un sommeil vide. J'ouvre les yeux. Il fait sombre. Son corps est froid. Mon souffle est faible. Je me lève. Je marche. Je ne vois plus rien. Je me cogne aux arbres. Je saigne. Je ne sais pas combien de temps je suis resté comme ça. Un liquide au gout métallique envahit ma bouche. Je tombe. Je réouvre les yeux. Le soleil s'est levé. Je suis allongé. Rien ne compte plus pour moi. La vie n'a plus aucun sens sans elle. Pour quoi vivre ?
Et je me souviens: -Vit ... pour nous deux -. Si je n’aie pas pu la sauver, alors au moins je peux l'écouter. Pour elle. Je me lève. Je vacille. Mais je me mord les lèvres. Ma patte avant droite me fait atrocement mal. Sans doute est-elle cassée. Une plaie sur mon ventre saigne encore. J'avance. Je marche. Je survis. Pour elle. Pour nous. Pour avant. Je me rétablit peu à peu. Je deviens de plus en plus robuste. Résistant. Le printemps arrive peu à peu. Je me nourris de ce que je trouve. Je ne croise aucun cheval. Mon caractère se renforce. Plein de vengeance. La vie est bien plus facile quand on a un but. Je m'en rend compte maintenant.
Les mois passent. Puis un an. Je sors de la foret. Je m'habitue aux rayons direct du soleil qui ne traversent plus le couvert des arbres. Je deviens dominant. La vie coule un peu plus dans mes veines. Je m'habitue de plus en plus au contact des autres chevaux. Mais je ne me force pas trop. Ils connaissent mon caractère. Je deviens de plus en plus fort. Je ne vis que pour elle et pour ma vengeance. Elle me dirait d'être plus intelligent que lui. Mais je ne peux pas. Il l'a tué. Il doit payer. -Partez et ne revenez plus - nous a t-il dit d'un air méprisant. Il doit payer.
Mais une fois que ce sera fait. Que ferais-je, que deviendrais-je ? Vivre ou mourir ? La rejoindre et la retrouvez est tentant. Je n'aurais plus de but. C'est pourquoi je fais attention à ne pas trop me lier. En même temps ce n'st pas dans ma nature.
Des pas. Quelqu'un. Le réveil est brutal.